L´HISTOIRE DU MÉTISSAGE CANADIEN SELON LES ACTEURS ET LES INSTITUTIONS EN FRANCE ET AU CANADA DE 1508 À 1886*

par

Dr. Devrim Karahasan

»Que n’est tombée soubs Alexandre, ou soubs ces anciens Grecs et Romains, une si noble conqueste: et une si grande mutation et alteration de tant d´empires et de peuples [...] Au rebours, nous nous sommes servis de leur ignorance, et inexperience, à les [sauvages] plier plus facilement vers la trahison, luxure, avarice, et vers toute sorte d’inhumanité et de cruauté, l’exemple et patron de nos moeurs. […]. Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples, passez au fil de l’espece, et la plus riche et belle partie du monde bouleversée, pour la negotiation des perles et du poivre«.

Michel de Montaigne

 

Introduction

Nonobstant les opinions idéalistes et flatteuses de Michel de Montaigne sur les cultures grecque et romaine et sa polémique de la civilisation française, il faut constater que c’était surtout le désir de faire du commerce, à côté de l’envie de découvrir de nouveaux espaces géographiques inconnus aux Européens, qui motivait les Français à se rendre à l’autre coté de l’Atlantique. Les Français, à la différence de leurs rivaux, réalisèrent très vite que c’était au moyen des alliances, et surtout des alliances matrimoniales avec les soi-disant »Sauvages «, que ce commerce pouvait être effectué. On envoyait des ambassadeurs de la France qui formulaient le désir des Français de se mêler avec les Indiens. C’était un métissage effectué par les mariages mixtes. Au cours du temps, des édits, arrêts et ordonnances furent émis par le roi, les ministres, les gouverneurs et intendants pour renforcer cette politique. Mais il ne faut pas se tromper: cette politique n’était guère une politique constante, couronnée de succès. Chaque fois que les circonstances altéraient les conditions et l’état de la colonie on changeait d’avis. Dès qu’il y avait trop de « libertinage » ou de « concubinage », on songeait à interdire les mariages mixtes. L’encouragement de ces unions était un phénomène politique éphémère au gré des intérêts des autorités civiles. Les autorités ecclésiastiques, quant à elles, se soumettaient souvent aux directives de la métropole. Parfois ces dernières essayèrent de rompre le pouvoir séculier et de s’approprier plus de compétences. En outre, les différents ordres religieux qui venaient en Amérique du Nord étaient en forte compétition pour obtenir des ressources de l’État.


1. L´histoire de la géographie et la démographie du début de la Nouvelle-France

Voyons les développements du métissage dès le début: le métissage en Amérique du Nord commence en 1508 avec les premiers Indiens envoyés dans la métropole parisienne dans le but, en les renvoyant dans la colonie, de les utiliser comme multiplicateurs de la culture française1. Dans les années qui suivirent, un programme d’assimilation fut mis en oeuvre dans la colonie avec l’aide des missionnaires qui devaient enseigner la langue française d’abord aux enfants, et plus tard aux adultes également. En 1633, les mariages mixtes furent officiellement encouragés par un énoncé envers les Hurons fait par Samuel de Champlain qui agissait par ordre de Louis XIII: »Nos garçons se marieront à vos filles et nous ne ferons qu’un peuple«. Le but était de créer une nation française outre-mer avec l’aide des mariages mixtes. L’énoncé de Champlain fut suivi par des édits du roi Louis XIV à ce sujet en 1657 qui demandait que la future épouse indienne de la colonie soit chrétienne.

Mais, tout d’abord: qu’était la Nouvelle-France et le futur Canada à la fin du XVIIe siècle, géographiquement? Il était divisé en deux régions principales: le »pays d’en bas« et le »pays d’en haut«. Le premier comprenait la vallée du St. Laurent, Montréal (Hochelaga) et Québec (Stadacona) inclus, et était délimité par le Labrador au Nord et les futurs États américains de New Hampshire, Vermont et New York au sud. Dans les sources, avant 1680, la vallée du St. Laurent a souvent été nommé »Canada« ou »Nouvelle-France«. À la fin du siècle, le nom « Nouvelle-France » est employé pour tous les territoires des possessions coloniales de la France en Amérique du Nord ou bien des endroits où se trouvaient des établissements français. En 1705, la Nouvelle-France comprenait officiellement « le Canada (la vallée du Saint Laurent), l’Acadie, la Louisiane, la Baye d’Hudson et l’île de Terreneuve ».2 Au moment de sa plus grande étendue son territoire allait de l’Atlantique au confluent du fleuve de Saint Laurent, des Grands Lacs au Mississippi et son confluent du golfe du Mexique où à la fin du XVIIe siècle la colonie de la Louisiane fut fondée.

Tournons-nous vers la démographie: Quand la Nouvelle-France devint une colonie royale de la France en 1663, elle comprenait six à sept hommes pour chaque femme blanche nubile.3 Cette relation indique qu’il n’y avait pas assez de femmes blanches pour épouser des colons français. De plus, il y avait une surabondance de femmes indiennes face à la diminution du nombre d’hommes indiens à cause de chaque guerre sanglante et le peu de femmes françaises qui osaient une traversée atlantique. Le but de la France était d’augmenter le nombre de colons, comme le revendiquait sans cesse Jean-Baptiste Colbert.4 La France avait un intérêt intrinsèque d’accroître la population de la colonie naissante. Tout d’abord car la France était en forte compétition avec les colonies britanniques au sud qui présentaient des chiffres beaucoup plus élevés par rapport aux colonisateurs. De plus, les autorités françaises voyaient dans une colonie viable une des conditions préalables pour exploiter les richesses du « Nouveau Monde » et pour obtenir des avantages commerciaux pour la métropole.

Un des moyens avec lesquels la population put être augmentée était une politique dirigée de mariage, notamment par le moyen de créer des incitations financières pour augmenter le nombre des mariages. À côté de cette »bio-politique« (Foucault, 1992), la France poursuivit un autre objectif: l’assimilation des Indiens dans la colonie aux manières de vivre et d’habiter des Français. En conséquence, les Français avaient un double impératif et essayaient de combiner une politique de peuplement avec une politique d’assimilation. Le meilleur moyen pour atteindre les deux objectifs, à savoir l’augmentation de la population et l’assimilation des Indiens, était une politique dirigée de métissage, le mélange des Indiens avec les Français. L’objectif final était de créer une nation française par le moyen de l’assimilation. On espérait et travaillait pour que les Indiens adhèreraient finalement à la culture française. Quand l’État du Canada fut établi en 1867, le mélange des Indiens avec les Européens était pratiqué, sans pour autant donner naissance à une nation française en Amérique du Nord, mais plutôt à l’émergence d’individus métis et de communautés métisses surtout près de la rivière Rouge du Manitoba.5

 

2. Les changements dans les attitudes envers le métissage

Cette politique provoque des questions et des doutes. Tout d’abord, il faut se demander dans quelle mesure les acteurs prenaient des attitudes divergentes au sujet du métissage dans la colonie et quelles politiques furent réalisées par rapport aux mariages mixtes. Il faut tenir compte du fait que les Français ne concurrençaient pas seulement avec les Anglais par rapport à leur performance coloniale, mais qu’ils s’opposaient eux-mêmes sur les meilleures stratégies de métissage dans la colonie. Il a souvent été affirmé que l’idéal de métissage fut exclusivement encouragé par l’État français de l’époque pré-moderne. En réalité, il y avait un désaccord considérable quant à la réalisation des politiques à l’égard du métissage. De plus, on doit s’interroger sur la question de savoir dans quelles conditions le métissage a été de temps à autre rejeté ou complètement abandonné. Une analyse des sources montre que les acteurs politiques décidèrent souvent de ne pas favoriser le métissage et les mariages mixtes, surtout quand le but d’assimilation française ne fut pas réalisé. En fait, tandis que l’assimilation des Indiens fut encouragée pendant toute la période du régime français, les mariages franco-indiens furent interdit après un revirement racialiste dans les attitudes des autorités coloniales (Belmessous, 1999).

Dans mon travail je défends l´idée que pour une histoire du métissage il est nécessaire de montrer la pratique coloniale autant que les raisons des divergences et changements de la politique officielle vis-à-vis du métissage. Pour une histoire complète de l´histoire du métissage en Nouvelle-France il faut d´abord étudier les changements dans les attitudes des acteurs, mais aussi ceux du concept de métissage lui-même. Celui-ci envisageait plusieurs schémas qui allaient au-delà des mariages mixtes: les politiques de sédentarisation, d’apprentissage de la langue française et la conversion au catholicisme en faisaient tous partie. Par conséquent, le métissage était à la fois un processus naturel et une politique dirigée. Comme processus, il menait à des rencontres ponctuelles et souvent permanentes, ainsi qu’à des échanges entre les Indiens et les Européens. Comme politique des autorités civiles et ecclésiastiques, il menait à partir du XVIIe siècle à des mariages mixtes et à la sédentarisation des Indiens sous la tutelle de l’État. Il s’agissait donc d’un moyen pour réaliser l’assimilation culturelle, la conversion religieuse et l’augmentation de la population dans la colonie en Amérique du Nord.

Si on va au-delà des approches pour la plupart socio-économique, culturelle, anthropologique et juridique,6 il s’ouvre une perspective plus totalisante qui prend en compte les changements dans la politique, dans les attitudes et dans le jeu de la compétition et de la coopération des acteurs qui en faisaient partie. Pour obtenir celle-là il faut aussi bien prendre en compte les politiques en métropole que dans la colonie. L’exploration du métissage part du fait qu´il s´agit d´une rencontre interculturelle et d´un mélange à la fois spontané et dirigé entre Indiens et Blancs dans la colonie française en Amérique du Nord. Par la suite, le concept de »Métis«, qui apparaît déjà au XVIIe siècle, est défini un siècle plus tard par le »Dictionnaire de Trévoux « comme »hommes engendrez de père et de mère de différente qualité, pays, couleurs ou religion« (Trévoux, 1743). Selon cette définition, les sang-mêlés étaient définis par le fait qu’on attribuait différentes qualités aux parents. La définition implique que les cultures des Blancs et des Indiens n’étaient pas considérés comme étant égales.7 Elle fait référence à la différence dans le statut social, dans la »qualité du sang« et dans le caractère ou bien la mentalité. Selon le »Dictionnaire de la Langue Française du Seizième Siècle« »metis« était le fruit de familles inégales; et d’une manière similaire, le »Furetière« cite l’exemple d’un enfant issu d’un esclave maure et d’une femme espagnole libre (Huguet, 1961).8 Au Canada, le fait que les Indiens étaient considérés comme inférieurs aux Blancs était surtout visible dans les discours des Français qui voulaient convertir, assimiler et franciser les Indiens. Le métissage encadrait alors toutes ces stratégies qu’un pouvoir colonial pratiquait envers une population indigène avec le but de l’assimiler à sa propre culture et le rendre utile pour ces buts d’expansion, d’exploitation et d’acculturation.9 La pratique coloniale comprenait aussi le métissage comme une rencontre sexuelle et, par conséquent, il encadrait le mélange des différents groupes ethniques (par exemple les Indiens étaient composés de plusieurs nations et tribus, et les Français, eux, se percevaient comme des Normands, Bretons, Savoyards, etc.).

En 1633, Samuel de Champlain s’adressait explicitement à la tribu huronne de la part du roi Louis XIII avec les mots suivants: »Nos garçons se marieront à vos filles et nous ne ferons qu’un peuple«. Par conséquent, les anciens travaux sur le métissage se sont pour la plupart concentrés sur les conditions sociales du métissage, les tribus et les nations qui faisaient partie de ce procès de mixité raciale et culturelle ainsi que sur l’émergence des individus et des communautés métisses. En revanche, ces travaux ne traitent des décrets et des politiques éphémères que d’une manière peu systématique. Autrement dit, bien qu’il y ait des études sur la politique coloniale française au Canada,10 elles ne décrivent ni les politiques changeantes de l’État et de l’Église dans la longue durée ou en détail, ni les discussions sur l’étendue et la nature du métissage d’une manière systématique, ni les manières dont s’est construite une nouvelle identité mixte dans les discours et dans la pratique qui a mené à une acceptation ou bien à un rejet par les contemporains (voir dans les travaux de Peterson/Brown 21987; Jaenen 1983; Perrault 1980 et Havard 2003).

Pourtant ces aspects sont importants quand on examine la rencontre entre Européens et Indiens, les mesures politique-administratives et le résultat d’une nouvelle catégorie social-légale pour les sang-mêlés (Saada, 2001). Face aux nombreuses complexités de la réalité coloniale au Canada, il faut montrer comment le métissage a été introduit après l’échec des stratégies d’assimilation. En outre, il s´agit des changements de la politique du métissage et explique comment et pourquoi elles ont eu lieu. Le motif est de démontrer que le métissage a été précisément à la fois une forme de politique et une réalité social-politique ayant des conséquences pertinentes dans de nouveaux espaces. Dans ce sens, je pense qu’il est important de montrer que le métissage est plus qu’un concept théorique, intellectuel ou humaniste et qu’il faut l´analyser dans sa pratique.11

Ainsi, la Nouvelle-France présente une situation exemplaire qui permet d’expliquer les tendances changeantes du métissage. Le but est de comparer les objectifs de la politique du métissage avec ses résultats, de montrer des aspects négligés et les ambivalences aussi bien que les contradictions, les conflits et les échecs du métissage dans les discours et les pratiques en Nouvelle-France. En effet, ceux qui s’engageaient dans des mariages et des unions mixtes étaient confrontés à des obstacles, à l’hostilité ou bien au rejet de leur entourage. Il s´agit d´examiner les débats et les discussions que la célébration des mariages mixtes engendraient dans les discours officiels aussi bien qu’au niveau de la pratique. Il faut se demander pourquoi ces unions étaient acceptées dans certains cas et rejetés dans d’autres et comment se formaient de nouveaux ordres sociaux. Il faut aussi montrer dans quelle mesure les agents français montraient des différences dans leur attitude à l’égard du métissage. Il n’y avait pas seulement de la compétition avec les Britanniques, mais aussi de la compétition parmi les Français eux-mêmes par rapport aux stratégies qu’il fallait employer pour réaliser ou bien éviter le métissage culturel, biologique et racial. Il y avait des désaccords considérables par rapport à la mise en oeuvre des schémas politiques du métissage. La question qui se pose est de savoir dans quelles conditions le métissage a été abandonné comme stratégie. Une analyse des sources montre que les agents prenaient parfois position contre le métissage, surtout quand ils voyaient que les objectifs envisagés n’étaient pas réalisés, voire contrecarrés.

Alors que l’assimilation indienne était encouragée pendant toute la période du régime français, les mariages mixtes étaient de temps à autre interdit parce qu’on les voyait comme défavorables au projet d’assimilation. En Nouvelle-France, les mariages mixtes ne présentaient jamais une valeur en soi, mais faisaient partie de la politique officielle qui englobait d´assimiler les Indiens à la culture française. Pour décrire les conditions sociales et politiques du métissage, un cadre théorique doit être choisi qui permet de faire une analyse critique des sources et de montrer également comment le métissage a évolué avec le temps, comment il a été construit dans les discours, d’un côté, et pratiqué dans la réalité historique, de l’autre. Cela implique une théorie qui permet de prendre en compte la critique des sources, le discours ainsi que les acteurs sociaux pour écrire une histoire plus complète. C’est la sémantique historique qui correspond à ses exigences. C’est elle qui permet d’étudier précisément l’évolution et les implications des concepts. Et le métissage est un concept par excellence, ce qui veut dire qu’il faut l’interpréter au lieu de le définir en raison de ses strates multiples et de l’ambiguïté de sa signification. En outre, la sémantique historique part du fait que »les conflits sociaux et politiques doivent être interprétés en termes d’usages linguistiques passés - réciproquement compris - des agents participants« (Koselleck, 2004, p. 80). La sémantique historique est alors l’instrument idéal pour regarder la compétition et la coopération changeante des divers agents et leur performance linguistique pour obtenir les buts d’assimilation et d’évangélisation qui étaient la cause de la plupart des conflits en Nouvelle-France.

Dans mon analyse, je suis de l’opinion de Edward Said selon lequel le colonialisme revendique une interprétation particulière car au centre de celui-ci se trouve une attitude mentale spécifique, ou bien »une formation idéologique« (Said, 1992, p. 8). Celle-là est empreinte d’une pensée et d’une action raciste, ou au moins discriminante, et c’est pourquoi elle revendique une analyse attentive. La sémantique historique peut nous fournir les outils nécessaires pour analyser un phénomène qui doit être appréhendé comme un concept ambivalent qui fut utilisé dans des discours qui, eux, varient selon les intérêts politiques et économiques des acteurs.


3. Le discours officiel sur le métissage et les faits historiques

En général, le métissage est un processus de communication politique, social, culturel, biologique et économique dans un contexte colonial entre les conquérants et les indigènes dans lequel les relations hétérosexuelles entre les hommes et les femmes sont centrales. En même temps, le métissage est plus que cela: il est accompagné de schémas politiques d’assimilation, surtout, dans le cas du Canada, à des coutumes européennes, notamment françaises et chrétiennes, encouragées par les autorités. Par conséquent, ce sont des termes tels que »assimiler«, »franciser «, »sédentariser«, »convertir« et »marier« qui prévalaient dans le discours. La politique de mariage jouait un rôle principal dans les processus de métissage et elle avait plusieurs aspects: le rôle des militaires, les »inputs« de la métropole en forme de monnaie et de femmes à marier, et finalement la mixité des races. De la part des autorités françaises, ces aspects n’étaient pas traités d’une manière systématique. On prenait plutôt en compte les conditions changeantes et éphémères de la colonie. Les scientifiques ont remarqué que les énoncés du roi Louis XIV, par exemple, à l’égard des mariages dans la colonie au début du XVIIIe siècle indiquaient l’existence d’une politique officielle française de mariage durant l’Ancien Régime. En revanche, il faut constater que vers 1715 cette politique tendait plus vers l´interdiction des unions mixtes. De plus, ce n’était souvent pas le roi lui-même qui encourageait cette politique, mais ses conseillers qui étaient bien au courant de ce qui se passait dans la colonie et qui essayaient d’influencer le roi à ce sujet. Le roi, lui, ne faisait qu’assumer son rôle traditionnel en écrivant des édits à son nom.12

En ce qui concerne la réalité dans la colonie, les contacts entre les Indiens et les Français se traduisaient par des expressions telles que les Français »se mêlaient avec des filles esclaves« et que la Nouvelle-France était »une colonie sans épouses, mais pleine de maîtresses«. En revanche, les attitudes étaient différentes à l’égard des mariages, qui étaient considérés comme étant plus stables et de longue durée que les rencontres d'une nature libertine qui étaient trop souvent seulement des contacts sexuels fréquents. Par conséquent, l’État français encourageait une politique officielle de mariage qui comprenait des moyens financiers pour ceux qui voulaient se marier dans la colonie, notamment ceux qui avaient l’âge de se marier ou bien ceux qui voulaient se marier à un âge précoce, c’est-à-dire à partir de 14 ans, l’âge légal fixé par des ordonnances. En outre, on envoyait des jeunes filles de la métropole pour les marier aux colons français, notamment les « filles du roi »; pour cela il existait, à partir de l’année 1634, des quotas. En revanche, il n’était pas rare de rencontrer un refus de mariage aussi bien de la part des filles du roi que des Indiennes. L’indienne Marie Rouensa, par exemple, qui aurait préféré devenir religieuse chrétienne, fut mariée contre sa volonté au Français Michel Accault par son père, chef de tribu. Le missionnaire jésuite Gravier célébra ce mariage avec les sacrements de l’Église. Ce n’était pas toujours le cas. Il y avait des missionnaires qui refusaient de donner les sacrements et qui essayaient de mettre des obstacles aux mariages mixtes.

Les autorités de l’État français interdisaient les unions mixtes quand elles devenaient trop dangereuses pour le développement de la colonie surtout quand elles provoquaient des résultats inattendus ou indésirables, comme par exemple l’assimilation des Français au mode de vie indien. Un obstacle aux mariages mixtes était la préférence des Indiens pour les unions endogames qui étaient causées par les nombreuses alliances militaires entre tribus indiennes. Par ailleurs, les mariages des militaires étaient observés d’un oeil soucieux, et étaient donc réglés selon les intérêts de la colonie et non selon les désirs sexuels ou amoureux des hommes et des femmes. Face à l’hostilité indienne envers les Européens conquérants, l’État français devait trouver des moyens pour pacifier les Indiens en général. Le mariage en était un. Il fallait soit procurer un nombre suffisant de femmes blanches à marier aux colons soit autoriser les mariages mixtes avec les Indiennes. Les mariages mixtes furent introduits seulement après que les autres moyens d´assimilation eurent échoué, comme par exemple l´augmentation de la colonie par des citoyens français du royaume, la création de postes militaires et de traite ou la sédentarisation des Indiens à proximité des habitations françaises.


4. Les acteurs du métissage dans l´église et de l´état

Les acteurs sociaux et politiques étaient nombreux, surtout parmi les autorités séculières et ecclésiastiques. On échangeait des lettres, des mémoires, des édits, des ordonnances, des arrêts et des rapports sur l’état de la colonie dans lesquelles on mentionnait la politique menée à l’égard des Indiens. Il existait des documents qui traitaient seulement ou principalement de ce sujet. Naturellement, les opinions des acteurs à l’égard des mariages mixtes étaient divergentes. Les raisons qui motivaient des attitudes positives ou négatives étaient polyvalentes et concernaient l’état économique dans lequel se trouvait la colonie, l’atmosphère social qui y régnait - libertinage ou non -, les désordres qu’on observait en général ou simplement les convictions des acteurs. Le métissage dans la colonie française préoccupait surtout les rois, les gouverneurs, les intendants, les ministres, les cardinaux, les militaires, les missionnaires, les explorateurs et beaucoup d’autres qui venaient en Nouvelle-France. Ceux d’entre eux qui encourageaient les mariages mixtes, adhéraient à la politique du métissage dans la colonie, notamment à l’assimilation, à la conversion, à la sédentarisation, à l’instruction ainsi qu’aux mariages mixtes, non pas seulement ou principalement dans l´intention de réaliser un idéal humaniste, mais pour étendre l'idée d'un empire français parmi la population indienne, pour absorber celle-là dans les communautés françaises et pour établir une hégémonie chrétienne-française en Amérique du Nord. Dans cette perspective, le métissage apparaît comme un moyen de domination et de vision impériale. Le métissage contribuait ainsi à l’hégémonie partielle des Français ou encore à la culture française en Amérique du Nord. Le métissage était une idée plus répandue pour construire la colonie selon les prérogatives de l’Empire français. Dans ce processus, les acteurs sociaux et politiques ont conçu le métissage différemment et ils ont essayé de le mettre en pratique selon différentes prérogatives des autorités civiles et ecclésiastiques. Les politiques de métissage des acteurs et institutions de l’État et de l’Église changeaient constamment selon leurs intérêts et convictions respectifs et elles se concurrençaient ou se complétaient. De plus, il s´agit de différentes facettes de métissage qui faisaient partie du développement de la catégorie du Métis et finalement à celle de l’État canadien. En 1885, Louis Riel utilisait le terme »Metis« pour la première fois dans un article pour un journal et en le publiant marqua le début d’une catégorie juridique, sociale et politique par rapport aux sang-mêlés du Canada, suivi de l’Acte des Sauvages en 1886 qui distinguait les »Indiens« des »Métis«.

Il faut constater que le métissage n’est pas seulement un phénomène culturel, biologique ou social, mais qu’on ne peut pas le cerner sans examiner les structures de pouvoir sous-jacentes. En 1663, on a ainsi créé une colonie et plus tard, en 1867, un État, non pas au nom du métissage, mais grâce au métissage. Premièrement, la construction de la colonie a été mis en œuvre comme un processus de transition politique, sociale et économique d’une entité dépendante vers une colonie, d’un État viable et d’une pureté culturelle vers une mixité polyvalente. Deuxièmement, le métissage en Nouvelle-France n’était pas purement ou même principalement un idéal humaniste. En effet, il y avait trop de coercition. Ce fut avant tout un processus dynamique, une politique à la fois pragmatique et théorique dans le contexte des aspirations coloniales de la France. Celles-ci étaient soit consciemment poursuivies (comme politiques) par la compétition et la coopération des acteurs, soit elles menaient à des résultats qu’on n’avait pas prévus auparavant (dans le processus). Troisièmement, l’assimilation et le métissage n’étaient pas nécessairement des processus congruents, mais contradictoires et divergents. En d’autres termes: la construction de la colonie était réalisée par des processus d’assimilation qui n’étaient pas forcément motivés par des idéaux véhiculés par le métissage. En revanche, ces idéaux étaient réalisés en dépit des intérêts et des politiques des acteurs principaux. Mais, vers la fin du XVIIIe siècle, le concept de métissage était finalement banni à l´arrière-plan au détriment de la catégorie du « Métis ». Autrement dit: tandis que le processus de métissage faisait partie intégrante de la construction de la colonie canadienne, il devenait obsolète et menait, dans la longue durée, à la création d’une nouvelle catégorie juridique pour les sang-mêlés.


5. La discussion sur l’étendue du métissage parmi les auteurs canadiens

Chaque débat sur le métissage est accompagné de discussions sur l’étendue du phénomène. Pour le Canada, la dimension statistique du métissage apparaît dans les travaux d’auteurs tels que Lionel Groux, Benjamin Sulte, Cyprien Tanguay et Émile Salone. Ces auteurs ne signalent pas que les statistiques sur les mariages mixtes et les enfants métis sont incomplètes. En outre, ceux qui travaillent sur les statistiques sont confrontés avec le problème de trouver des sources suffisantes et adéquates. Il y a deux écoles opposées sur la question du nombre de Métis. Alors qu’un groupe d’historiens qui travaillent sur la colonie de la Nouvelle-France se contente de constater qu’il y avait peu de mariages interraciaux et disent que l’assimilation dans un des groupes culturels était plus répandue que la mixité elle-même, un deuxième groupe pense que le métissage était fréquent et menait à la diversité. Les représentants du premier groupe prennent pour évidence les statistiques incomplètes et négligent les pratiques qui sont cachées derrière. Les auteurs qui font référence aux chiffres considèrent dans la plupart des cas les sources officielles de l’Église et ignorent le fait significatif que les mariages entre Blancs et Indiens n’étaient parfois pas sanctionnés par les représentants de l’Église ou n’étaient pas qualifiés de mariages du tout. Il apparaît que ceux qui dénient l’importance du métissage se réfèrent aux statistiques, en sachant qu’elles sont incomplètes. C’est le cas surtout au XIXe siècle avec Lionel Groulx, Émile Salone et Benjamin Sulte. En revanche, dans la deuxième moitié du XXe siècle, Cornelius Jaenen13, Jacques Henripen (Henripen, 1954) et Kathleen Jameison14 ont adopté la incorporation thesis, l´argument qui défend qu’au Québec les enfants métis issus des mariages mixtes vivaient finalement avec la tribu de la mère au lieu de former leurs propres communautés. Ces auteurs constatent que le métissage n’a pas eu lieu parce que les individus métis étaient complètement assimilés aux Indiens.

Paradoxalement, les discussions sur les statistiques ne mentionnent que très rarement des chiffres concrets. Une des exceptions est Benjamin Sulte qui était convaincu que le métissage a été une occurrence mineure. Il affirmait qu’en Nouvelle-France il n´y avait dans l´année 1700 que 30 mariages mixtes sur 16.000 âmes.15 Mais cet auteur ne prend en compte que les chiffres démographiques des Français et ignore qu’au XVIe siècle on comptait aussi des dizaines de milliers d’Indiens. Émile Salon adhère aussi à l’opinion qu’il y eut peu de mariages mixtes. Il affirmait qu’il n’y eut que quatre mariages franco-indiens pendant tout le XVIIe siècle. Enfin, Lionel Groulx pensait que tous les Métis étaient morts avant la fin du XVIIIe siècle. Par conséquent, les chiffres des auteurs du XIXe siècle ne sont pas exhaustifs et doivent être complétés par des chiffres récents et par des études génétiques sur l’étendue du métissage (de Braekeler, 1990, p. 29; Charbonneau, 1967, p. 1031-1054). Parmi les historiens du XXe siècle, Jacques Mathieu a montré qu’un homme sur deux avait fait un voyage dans la région des Grands Lacs, ce qui aurait eu »des effets déterminants sur la rencontre des cultures«. Cornelius Jaenen pense qu’entre 1642 et 1715 il y avait sept mariages mixtes enregistrés dans les sources paroissiennes. Selon lui, la paroisse de Boucherville comptait trois mariages mixtes entre 1703 et 1710. Évidemment, ces chiffres concernent uniquement les mariages enregistrés par les ecclésiastiques. Ils ne prennent pas en compte le fait qu’il y avait énormément de mariages mixtes qui n’ont jamais été enregistrés, soit par manque de missionnaire pour les célébrer officiellement selon les règles de l’Église, soit parce que le couple ne pouvait pas payer le voyage jusqu’au missionnaire le plus proche.

Géographiquement, le métissage était d’abord le plus répandu en Acadie, dans la région des Grands Lacs, et s’étendit plus tard à la rivière Rouge. Dans ses régions se formaient des communautés métisses qui commençaient de plus en plus de pratiquer des mariages endogames. De cette façon le nombre des Métis augmenta sans cesse et les observateurs coloniaux remarquaient peu à peu cette identité formée par l’union entre Blancs et Indiens.


6. La sémantique du mot »métis«

Le mot »métis« n’inclut pas seulement des différences raciales, mais également une conception hiérarchique qui est à la fois ambivalente et structurante: chaque être métis est positionné dans un lieu spécifique duquel est déduit une valorisation de son identité, ainsi que des droits et privilèges. En même temps, les caractéristiques historiques changeantes du mot »Métis » peuvent être perçues grâce à une analyse étymologique de la terminologie. Elle fait allusion au métier et au background culturel de l’individu, à sa nature anthropologique, et à sa mentalité selon son appartenance géographique. Il y eut une grande variété de termes pour signifier »métis« qui changea diachroniquement selon les locuteurs, les lieux, les périodes et les contextes en question car on avait commencé à donner des noms aux Métis: »bois-brûlés«, »halfbreed«, »mestif«, »porc eaters«, »chicot«, »Rupertslander « notamment. On les décrivait comme des « sauvages » qui n’avaient pas pu atteindre la civilisation car ils portaient en partie l’héritage des Indiens nomades. On les accusait d’un manque de loyauté envers les couronnes car ils avaient souvent le »cul entre deux chaises« en étant interprètes, espions ou simplement médiateurs culturels. Ils parlaient souvent un argot de différents langages, un mélange entre le français »mitchif« ou »micmac«, entre l’anglais et le français et d’autres langues indiennes. Il est intéressant aussi d´étudier le mot »métiser« car il désigne le processus de mélanger des plantes et des animaux pour produire de nouvelles espèces et d’expérimenter sur leur variabilité. 

Le terme »mestiz« par rapport aux êtres humains apparaît dans l´an 1180, utilisé par Girart de Roussillon pour nommer quelqu’un de sang mêlé qui est mauvais et ignoble. Les dictionnaires de l’époque nous instruisent sur le changement de »mestis« au XIIIe siècle en »mestif« au XVIe siècle, comme le fait le »Dictionnaire historique de la langue française«. Finalement, c’est en 1669 qu’on utilise »metis« ou bien »métis«. Il faut noter que le mot fut utilisé d’abord pour désigner quelqu’un de bas extraction (en 1288), ou pour des animaux (en 1338) avant de l’utiliser pour des êtres humains (en 1559), comme le fit Amyot dans sa »Vie des hommes illustres grecs et romains«. Dans cet ouvrage Amyot désigne comme »mestif« un Grec ayant une mère issue d’un différent peuple que le père (Rey, 1992, p. 1236). Le même mot désignait d’abord la relève d’une femme indienne et d’un homme blanc au Brésil où mestizaje était un phénomène plus répandu qu'en Amérique du Nord pendant la période coloniale (Rey, 1992). En 1690, Furetière et en 1704 Trévoux expliquent que le mot »mestis« désignait la mixité entre des Espagnols et des Indiens. En 1709 Richelet, en 1718 l’Académie, en 1755 Prévost et en 1768 Feraud décrivaient »mestis« de la même manière (Albertan-Coppola, 1992, p. 47) prenant en compte la dimension espagnole du phénomène en Amérique du Sud.


7. Conclusion

Le métissage comme un phénomène de la société moderne a été traité de maintes manières par plusieurs auteurs dans le monde francophone (Amselle, 2000; Toumson, 1998; Audinet, 1999; Duboux, 1994; Gruzinski, 1999; Schmidt, 2003). Il reste à étudier non seulement ses nombreuses dimensions historiques d’une manière comparative, mais aussi ses implications pour les questions d’identité et de citoyenneté d´aujourd'hui. Certes, dans cette optique le métissage aux Antilles est différent de celui d’Amérique du Nord ou du Sud, et encore de celui d’Afrique. La »notion piège« du métissage (Amselle, 2000, p. 50-51) exige de nous de montrer ses faces inattendues et ses dimensions confuses tant politiques que philosophiques, culturelles et historiques, pour nous rappeler que c’est une notion plurielle qui n’est pas facile à cerner. De toute manière, il faut dans chaque réflexion sur le métissage, être conscient qu’au début c’était surtout la politique et la religion qui ont déterminé les premiers développements du métissage avant que ce phénomène ne soit perçu comme étant important sur le plan culturel, social, biologique et artistique. Les corps dans lesquels le métissage s’est inscrit étaient tout d’abord marqués par leur identité religieuse dans un monde prémoderne et furent par la suite modelés par la culture et la politique. La dimension artistique du métissage va au-delà des préoccupations académiques dans des contextes purement historiques et montre la dimension universelle du métissage, qui, au cœur de cette notion, est aujourd’hui devenue attractive.

 

* Cet article est issu d´une conférence tenue à l´Institut Historique Allemand (DHI Paris) le 8 mars 2005 lors d´un colloque des doctorants. Il a été publié dans une version précédente dans: Francia. Forschungen zur Westeuropäischen Geschichte (2007), vol. 34/2, pp. 129-139. Le texte présent est une version remaniée et actualisée.


1 Harrisse, 1900, p. 162 et Dionne 1890, p. 641. Narcisse Dionne pense que jusqu´en 1603, »il n´y avait pas le moindre doute que plusieurs sauvages du Canada traversèrent l´Atlantique, entre autre des Montagnais et des Souriquois«.

2 Archives Nationales de Paris, C11A, vol. 26, F. 89v-90r.

3 Havard, 2003, p. 596

4 Archives du Séminaire de Québec, no 20, Lettre N, 5 avril 1666.

5 Dickason, 21987

6 Peterson/Brown, 21987

7 Belmessous, 1992

8 Furetière: »Cet enfant est mestif engendré d´un père esclave et d´une mère libre, d´un More et d´une Espagnole«.

9 Acculturation est compris dans le sens de l´ethnologue Herskovits selon lequel »les apparences qui résultent du contact direct ou permanent entre des groupes d´individus de différente culture, et les changements résultants de cela dans le comportement typique et dans la pensée d´un des groupes affectés«. Herskovits, 1967, p. 216.

10 Voir surtout Havard, 2003; Belmessous, 1999; Jaenen, 1983.

11 Voir surtout Toumson, 1998; Audinet, 1999; Duboux, 1994.

12  Archives Nationales de Paris, B, vol. 20, fol. 7-280, « Instructions à d´Iberville », 22 septembre 1699.

13  «En vertu du fait que la population métisse a été incorporée dans ou assimilée à des tribus variées, jusqu´à la mi-dixhuitième siècle, il n´existe aucune estimation ou statistique (qu´on pourrait, par exemple, obtenir des sources paroisiales et des recensements) en quantité suffisante pour des périodes significatives ». Jaenen, 1983, p. 89.

14 «[…] les enfants nés de ces mariages ou d´une simple aventure avec une indienne (ce qui était fréquent) étaient généralement absorbés par le groupe de la mère ». Jameson, 1978, p. 15.

15  L´original français est le suivant: « Disons en exagérent les chiffres, qu´en l´année 1700 nous avions trente mariages de ce genre, au milieu d´une population de seize mille âmes. Ce n´est pas la peine de discuter.» Sulte, 1882-84, p. 362.

 

BIBLIOGRAPHIE

Albertan-Coppola, Sylvaine (1992) « La notion de métissage à travers les dictionnaires du XVIIIe siècle », dans: Jean-Claude Marimoutou, Jean-Michel Raccault (dir.), Métissages, La Réunion, L´Harmattan pp. 35-50

Amselle, Jean-Loup Amselle (2000) « Le métissage: une notion piège », dans: Sciences humaines, vol. 110 (novembre), pp. 50-51

Audinet, Jacques (1999) Le temps du métissage, Paris, Editions de l´atelier, 156 p.

Belmessous, Saliha (1992) La vision de l’indigène américain dans la correspondance officielle des autorités françaises et britanniques de l’Amérique du nord (1672–1760) DEA, Paris EHESS

Belmessous, Saliha (1999) D’un préjugé culturel à un préjugé racial: la politique indigène de la France au Canada, Paris, ANRT

Braekeler, Marc de (1990) « Homogénéité génétique des Canadiens français du Québec: mythe ou réalité? », dans: Cahiers québécois de démographie, vol. 19/1, p. 29

Charbonneau, Hubert et Legare, Jacques (1967) « La population au Canada aux recensements de 1666 et 1667 », dans: Population, vol. 6, pp. 1031-1054

Dickason, Olive (21987) « From ›one Nation‹ in the Northeast to ›New Nation‹ in the Northwest: A Look at the Emergence of the Metis », dans: Jacqueline Peterson/Jennifer Brown (dir.) The New Peoples. Being and Becoming Metis in North America, Winnipeg, The University of Manitoba Press

Dionne, Narcisse (1890) « Les Indiens en France », dans: Revue canadienne, vol. 26, p. 641

Duboux, René (1994) Métissage ou barbarie, Paris, L´Harmattan, 203 p.

Estienne, Henri (1512) « Eusebii Caesariensis Episcopi Chronicon », Paris (in-4°, fol. 172), Nova Additio, dans: Harrisse, Henry (dir.) (1900) Découverte et Évolution cartographique de Terre-Neuve et des pays circonvoisins 1497 - 1501 - 1769, Londres

Foucault, Michel (1992) « Leben machen und sterben lassen. Die Geburt des Rassismus », dans: Bio-Macht, (DISS-Texte, 25), Duisburg

Frégault, Guy (1968) Le XVIIIe siècle canadien, Montréal, HMH, 387 p.

Furetière, Antoine (dir.) (1690-1701) Dictionnaire usuel contenant généralement tous les mots français et tant vieux que modernes et les termes de toutes les sciences et les arts, Rotterdam La Haye

Giraud, Marcel (1945) Le Métis canadien. Son rôle dans l’histoire des Provinces de l’Ouest, 3 vol., Paris, Editions du Blé, 1316 p.

Gruzinski, Serge (1999) La pensée métisse, Paris, Fayard, 345 p.

Havard, Gilles (2003) Empire et métissage. Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660–1715, Paris, Les Editions du Septentrion, 858 p.

Henripen, Jacques (1954) La population canadienne au début du XVIIIe siècle: nuptialité, fécondité, mortalité, infantilité, Paris, Presses Universitaires de France

Herskovits, Melville (1967) Les bases de l’anthropologie culturelle, Paris, Payot, 329 p.

Huguet, Edmond (dir.) (1961) Dictionnaire de la Langue Française du Seizième Siècle, Tome Cinquième, Paris

Jaenen, Cornelius (1983) « Miscegenation in Eighteenth Century New France », dans: Gough, Barry et Christie; Laird (dir.), New Dimensions in Ethnohistory. Papers of the Second Laurier Conference on Ethnohistory and Ethnology, Ontario, Canadian Museum of Civilization

Jameison, Kathleen (1978) La femme indienne devant la loi une citoyenne mineure, Ottawa, Conseil canadien sur la situation des femmes

Koselleck, Reinhart (2004) »Begriffsgeschichte and Social History«, dans: Koselleck,Reinhart (ed.) Futures Past. On the Semantics of Historical Time, New York, Columbia University Press, 294 p.

Lussier, Antoine/Sealey, D. Bruce (dir.) (1979) The Other Natives: The Metis, 3 vol., Winnipeg

Lussier, Antoine (51981) The Metis. Canada’s Forgotten People, Winnipeg, Manitoba Metis Federation Press, 192 p.

Montaigne, Michel de (1962) Essais, Paris, L´Edition Municipale et celle de la Pléiade

Perrault, Isabelle (1980) Le métissage en Nouvelle-France, Montréal (thèse)

Rey, Alan (dir.) (1992) Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert

Saada, Émmanuelle (2001) « La »question des métis« dans les colonies françaises: socio-histoire d’une catégorie juridique (Indochine et autres territoires de l’Empire français: années 1890 - années 1950) » Paris, EHESS, 880 p.

Said, Edward (1992) Culture and Imperialism, London, Vintage, 443 p.

Schmidt, Nelly (2003) Histoire du métissage, Paris, La Martinière, 223 p.

Stanley, George (1992) The Birth of Western Canada, Toronto, Books on Demand, 508 p.

Sulte, Benjamin (1882-84) Histoire des canadiens-français, 1608–1880, Montréal, Wilson & Sie Editeurs

Toumson, Roger (1998) Mythologie du métissage, Paris, Presses Universitaires de France, 267 p.

Trévoux (1743) Dictionnaire universel, Paris